Après la guerre, la relance des activités académiques a lieu le 21 janvier 2019. Le recteur Eugène Hubert rend alors hommage aux membres de la communauté universitaire morts au combat. Les cours reprennent avec quelque 3000 étudiants.

Hubert

Né à Saint-Josse-ten-Noode le 8 mai 1853, Eugène Hubert fait ses études à l’Université de Louvain dont il sort docteur en Philosophie et Lettres en 1873. Il achève cette décennie dans l’enseignement secondaire, au Collège communal de Louvain, à l’Athénée de Bruxelles, et puis à celui de Liège en 1880, une ville d’adoption qu’il ne quittera plus.

Sa fibre historienne le conduit à étudier l’histoire moderne, du XVIIIe siècle, en particulier les réformes de Joseph II et le règne de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche. Hubert s’inscrit comme auditeur libre au cours de Paul Fredericq qui à l’Université de Liège a la charge d’Histoire politique interne de la Belgique. Il suit son séminaire de travaux pratiques et Fredericq devient son maître. C’est sous sa direction qu’Eugène Hubert conquiert un doctorat spécial en sciences historiques en 1882, sur la condition des Protestants en Belgique depuis Charles-Quint jusqu’à Joseph II.

En 1883, Paul Fredericq passe à l’Université de Gand, et Eugène Hubert lui succède à Liège, avec les cours d’Histoire nationale, y compris les travaux pratiques, et d’Histoire contemporaine. En 1886, Eugène Hubert est nommé professeur ordinaire. L’année suivante, il accepte en outre une charge d’enseignement à l’Ecole Normale des Humanités pour le cours d’Encyclopédie de l’histoire et les Exercices pédagogiques. En 1890, à la suite de la vaste rénovation des programmes de l’enseignement supérieur initiée par le législateur, il est chargé à l’Université de Liège du cours d’Histoire diplomatique de l’Europe au XIXe siècle.

Il enseigne pendant une quarantaine d’années, jusqu’à son éméritat en 1923, période durant laquelle de nombreuses générations d’étudiants sont marquées par sa vision de l’historiographie nationale belge, mais aussi par son savoir-faire certain dans le traitement des sources archivistiques, dans l’esprit de la robuste école positiviste. Eugène Hubert passe d’ailleurs une bonne partie de son existence à écumer les grands dépôts d’archives d’Europe, à Bruxelles, La Haye, Leyde, Berlin, Paris, Vienne, Luxembourg, expérience dont il tire profit par des recherches publiées, avec un goût personnel prononcé pour les correspondances diplomatiques.

Membre titulaire de l’Académie royale de Belgique en 1913, membre effectif de la Commission royale d’histoire en 1919, sa notoriété est garantie par un parcours impressionnant et un labeur incessant reconnu par ses pairs. Il est aussi membre de nombreux réseaux historiographiques de son époque. Il atteint la consécration en recevant le Prix quinquennal d’histoire national pour l’ensemble de son œuvre en 1921.

Il est choisi comme recteur au lendemain de l’Armistice en 1918, période très difficile où il faut relancer les activités académiques et honorer les nombreux morts de la Grande Guerre. La réouverture solennelle des cours le 21 janvier 1919, qu’il préside, est l’un des moments collectifs intenses de l’histoire de l’Université de Liège.

Extrait de son discours à la reprise des cours le 21 janvier 1919

Depuis l'attaque de nos forts de Liège jusqu'à la défaite des barbares dans les plaines de Flandre, en cent combats, les étudiants de Liège ont fait leur devoir, tout leur devoir, avec une vaillance indomptable et une virile abnégation.

Il faut renaître. Il met sur les rails la commission administrative du Patrimoine de l’Université de Liège en 1920, qui permettra le redressement financier de l’institution, et il initie la création d’une Maison des étudiants, symbole de la nouvelle place que ceux-ci occupent désormais dans la communauté universitaire.

L’intégrité d’un homme comme Eugène Hubert, sa force de travail aussi, attirent l’attention du roi et du gouvernement, et il accepte de devenir Ministre des sciences et des arts, durant une brève période, de décembre 1921 à octobre 1922. Il reprend ensuite sa chaire et achève sa carrière avec l’obtention de son éméritat en 1923.

Il lui reste alors quelques années de vie qu’il met à profit pour écrire, tenant la plume jusqu’à la fin, jusqu’au 1er février 1931.

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Illustration : Florimond Van Loo, À Monsieur Eugène Hubert, Professeur ordinaire à l'Université de Liège, lithographie, 1887, Musée Wittert ULiège, inv. 2915

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