Il me semble indispensable d’ancrer les cours dans la réalité de la pratique de l’architecture, tout en les alimentant par la recherche.NeuwelsNewsJulie NEUWELS, Chargée de cours dans le domaine de l'Approche sociotechnique de la production architecturale. Photo : ©Michel Houet.

Diplômée en 2006 à l’ISA Victor Horta, Julie Neuwels a d’abord travaillé en tant qu’architecte, tout en suivant un master complémentaire abordant les problématiques environnementales à l’ISA Saint-Luc à Liège. " C’est en 2010, à l’occasion de la fusion des écoles d’architecture aux universités, que j’ai entamé une carrière scientifique dans le cadre d’une thèse de doctorat à la Faculté d’Architecture de l’ULB. Abordant l’architecture comme une construction sociale et un instrument d’action, je me suis intéressée aux évolutions du triptyque architecture, action publique et idéologies développementalistes modernes induites par l’émergence du référentiel de développement durable dans le secteur de la construction bruxellois. Il s’agissait notamment de questionner la portée transformative des politiques liées en s’attachant à leur signification plutôt qu’à leur efficacité. "

Après sa thèse, Julie Neuwels arrête définitivement la pratique de l’architecture pour se consacrer pleinement à la recherche. " Outre un poste de coordinatrice de projet au Brussels Studies Institute, j’ai alors participé à une étude ethnographique sur les appropriations faites par les habitants des logements à haute performance énergétique à Bruxelles.

En 2017, dans le cadre d’un mandat de chargée de recherches FRS-FNRS mené à nouveau à l’ULB, j’ai continué ce travail en l’abordant du point de vue des architectes. Cette recherche, que je continuerai à l’ULiège, investigue les appropriations que les architectes font des normativités de l’habiter durable. Au croisement des sociologies de l’architecture et de l’innovation, l’objectif est d’identifier et de comprendre les différentes configurations entre technicité et habitabilité à l’œuvre dans la production de logements collectifs durables, des plus techno-centrées aux plus socio-centrées. Il s’agit également par là de questionner la capacité d’innovation et d’engagement politique des architectes dans un contexte de montée du registre technicien, d’urgence environnementale et d’accroissement des inégalités sociales. Maître d’enseignement en charge du cours de « Méthodologie de mémoire », ce post-doctorat a également été l’occasion de développer une activité pédagogique qui a conforté ma volonté de continuer une carrière dans le milieu universitaire. "

Ancrer les cours dans la réalité de la pratique de l'architecture

" J’ai la chance d’avoir une charge qui concerne des enjeux majeurs auxquels seront confrontés mes étudiants et étudiantes. L’architecte est aujourd’hui amené à composer avec l’expansion et la diversification des systèmes techniques (équipements, logiciels de simulation, labels, normes, etc.), non sans soulever des questions de fond sur le sens de l’architecture et le rôle sociétal des architectes. J’y vois deux grands objectifs pédagogiques. D’une part, il s’agit d’alimenter la posture réflexive et critique des étudiants au regard des avantages, limites et dérives des systèmes techniques. D’autre part, il s’agit de les équiper en vue de leur future profession en montrant en quoi et comment ces systèmes constituent des supports à la créativité architecturale et à une pratique engagée du point de vue environnemental, social et économique. Pour ce faire, il me semble indispensable d’ancrer les cours dans la réalité de la pratique de l’architecture, tout en les alimentant par la recherche. Des études sociologiques s’intéressant aux habitants, des études historiques sur les équipements du bâtiment, sur le confort moderne, des analyses de bâtiments, des études comparées de logiciels ou d’équipements, la sociologie de l’architecture… les sources pertinentes pour ce faire sont nombreuses et diversifiées. Outre les cours magistraux, j’aspire également à contribuer au développement d’une filière mémoire spécifique au sociotechnique, avec la perspective d’aboutir à des doctorats qui en retour pourraient alimenter le volet enseignement. "

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