200 ans de la cristallerie du Val Saint Lambert
2026 marquera les 200 ans de la cristallerie du Val Saint Lambert. L’Université de Liège a décidé de réaliser une exposition portant sur le verre dans la société actuelle.
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Quel est l’impact du confinement et de la pandémie sur l’état psychologique et la consommation d’alcool des adultes ?
Tel était l’objet de l’enquête lancée à la mi-avril par la Professeure Fabienne Glowacz, directrice de l’Unité de recherche ARCh et du service de Psychologie clinique de la délinquance de la Faculté de Psychologie. Elle a été clôturée le 1er mai, avant les annonces de déconfinement. 2870 personnes de 18 à 85 ans y ont participé. En voici les premiers grands résultats.
Fabienne Glowacz est partie d’observations cliniques menées en début de confinement auprès de patients, de familles, d’étudiants aux prises avec un stress et une anxiété envahissante et des symptômes dépressifs. Le contexte de l’épidémie, le fait d’être enfermé·e, la menace et le risque d’être ou de contaminer, les ruptures avec l’environnement social habituel, la peur pour l’avenir étaient évoqués lors des entretiens. Au centre des préoccupations des patient·e·s : l’incertitude à laquelle il fallait faire face, incertitude devenue pour certain·e·s difficile à supporter, les empêchant de bien fonctionner et/ou générant un stress et des inquiétudes.
C’est à partir de ces observations cliniques, de ses précédentes recherches et en collaboration avec Emilie Schmits, chercheuse-assistante au service de Psychologie clinique de la délinquance, que Fabienne Glowacz a construit cette enquête.
Le public y a été réceptif : 2870 participant·e·s en 15 jours, dont 79% de femmes. 80 % des répondants vivent en Belgique et 20 % en France et au Québec. 26 % des répondants sont des étudiant·e·s, 36,6 % sont en télétravail, 13% ont continué à travailler sur le lieu de travail et 24,4 % sont sans travail (en arrêt de travail, sans emploi avant et pendant le confinement ou à la retraite). Un quart des participant·e·s signalent une perte de revenus liés à la crise.
Trois catégories d’âge ont été considérées : les 18-30 ans (45%), les 30-50 ans (37%), et les + de 50 ans (25%), qui évoluent dans des contextes et étapes de vie différentes. Il était important de relever leurs spécificités pour mieux répondre à leurs besoins lors du déconfinement.
Tout d’abord, les résultats ont montré des taux élevés d’anxiété et de dépression au sein de l’échantillon brassant tous les âges de 18 à 85 ans, ce qui rejoint les constats des études internationales publiées et menées principalement en Chine.
Autre résultat majeur qui confirme les observations cliniques : la difficulté à faire face à l’incertitude augmente le niveau d'anxiété et de dépression pour toutes les catégories d’âge, hommes et femmes. Il est vrai que le contexte de pandémie est dominé par des inconnues relatives aux causes, à l’évolution, aux risques. Ce qui génère inévitablement de l’incertitude.
Fabienne Glowacz : « Ce sont les 18-30 ans, dont la moitié sont des étudiant·e·s, qui apparaissent comme les plus fragilisés psychologiquement durant cette période de confinement, comparativement aux deux autres catégories d’âge, avec plus de symptômes anxieux et dépressifs et plus d’intolérance à l’incertitude. Alors que l’attention a été portée - de façon légitime - sur la protection et les risques encourus pour les aînés, les jeunes adultes apparaissent fortement impactés par la crise COVID et le confinement qui les ont amenés à devoir s’adapter à de nouvelles modalités de fonctionnement et d’enseignement et à faire face à un grande part d’inconnu pour leur avenir. Le philosophe André Comte-Sponville parle de « jeunesse sacrifiée » ; moi j’envisageais précédemment les « ados oubliés » et il est ici question des jeunes adultes les plus impactés. »
Fabienne Glowacz : « J’ai souhaité estimer le potentiel effet anxiogène de la proximité avec la maladie, évaluée par le fait d’avoir soi-même contracté le virus et/ou d’avoir un proche l’ayant contractée. Nous parlons alors de confrontation primaire et secondaire. Pour donner quelques chiffres, parmi les répondants, moins de 1% s’est déclaré testé positivement au COVID-19, 12 % pensent l’avoir/l'avoir eu mais n’ont pas été testés, 13 % ont dit avoir un proche testé positivement et 18 % ont dit avoir un proche suspecté mais non testé.
Nos analyses ont mis en évidence que cette « proximité » avec le virus augmente l’anxiété, mais uniquement pour les 18-30 ans et non pour les autres catégories d’âge. Ce résultat montre combien ces jeunes adultes sont sensibles, inquiets et stressés, déstabilisés lors de la confrontation directe et indirecte à la maladie, alors qu’ils ne font pas partie des populations à risques comme les aînés, pour lesquels cette proximité n’apparaît pas anxiogène. »
Fabienne Glowacz : « L’hypothèse sur ce point était que les réseaux sociaux pallient au manque de contacts sociaux en « réel ». Nous avons obtenu des résultats surprenants ! Les jeunes adultes entretiennent moins de contacts (amis, collègues, amis, membres de la famille, personnes qu’ils et elles soutiennent,…) via les différents réseaux sociaux et systèmes de messagerie que les autres catégories d’âge. De plus, ces contacts se sont avérés anxiogènes pour eux, et uniquement pour eux. Cependant, la poursuite des contacts par les réseaux sociaux « protège » contre les symptômes dépressifs pour les 18-30 ans et pour les plus de 50 ans. Probablement qu’ils permettent d’atténuer la détresse liée à l’isolement, la solitude, la perte du rapport à l’autre.
Nous allons poursuivre les analyses, pour davantage approfondir l’usage qu’ont fait les jeunes adultes des réseaux sociaux et son impact anxiogène. À nouveau, il ne faut pas perdre de vue qu’on a dans cette enquête, pour la tranche 18-30 ans, 50% d’étudiants, particulièrement inquiets à l’approche des examens proposés sous de nouvelles modalités. Par ailleurs, cela nous amène à penser qu’il leur est difficile de mobiliser les ressources et contacts via les réseaux sociaux pour être sécurisés. Et au-delà des réseaux sociaux, car ce sont aussi eux qui ont le moins consulté un·e psychologue en visio-consultation pendant le confinement. »
Fabienne Glowacz : « L’enquête montre que, toutes catégories d’âges confondues, 20 % des répondants estiment avoir diminué leur consommation d’alcool, 20 % l’avoir augmentée tandis que pour 60%, elle est restée identique. Et là, les jeunes sont ceux qui consomment le moins et qui sont les plus nombreux à dire avoir diminué leur consommation. L’explication se trouve en partie dans le fait qu’ils sont privés des lieux où ils boivent habituellement : entre amis, dans les bars et restaurants, en soirées - soit à l’extérieur de chez soi. Cela invite à envisager une communication lors du déconfinement et de la réouverture de ces lieux en vue d’une consommation modérée… »
L’enquête se terminait sur une question ouverte : « Pensez-vous que vous allez changer votre mode de vie après le confinement ? » Près de 60 % des répondants ont répondu positivement et les jeunes adultes étaient les plus nombreux à déclarer vouloir changer des choses. Plusieurs répondants ont noté que cette enquête envisageant plusieurs volets de leur vie leur a permis de prendre un temps de réflexion sur leur fonctionnement.
Les premières analyses font ressortir plusieurs grands thèmes :
Fabienne Glowacz : « J’ai été étonnée de constater combien la référence aux changements de comportements dans le rapport à l’autre a été présente : la distance physique, le souhait de ne plus fréquenter les lieux de foule, de ne plus donner la bise. Le tout accompagné d’une remise en question des modalités d’interactions sociales tactiles que nous connaissions avant. La distanciation sociale au cœur de la prévention et de la gestion de l’épidémie semble avoir été intériorisée en tant que nouvelle norme sociale et vient bouleverser les codes et rituels des relations sociales, sous l’effet de la peur de la menace du virus et de l’incertitude.
L’autre dimension majeure qui ressort des réponses des participants à l’enquête est le repli sur soi, sur son bien-être, son soi intime, avec une extension au niveau de ses proches. Le confinement et « l’enfermement » imposant l’interdiction de fréquenter les lieux publics et les espaces de socialisation, se révèlent, au vu de nos résultats, délétères pour une personne sur deux. En même temps, cela conduit à la revalorisation du soi et de ses propres besoins. Ce repli implique une distance sociale et du social et aurait en même temps freiné des perspectives d’engagements sociaux, sociétaux ou citoyens - peu présentes dans les réponses à l’enquête.
Une question urgente à nous poser : comment remobiliser le « vivre ensemble » déjà fragilisé avant la crise ? C’est là un vrai défi. Le repli sur soi, qui est certes une réaction de survie, a été imposé comme mode de survie collective face au virus. Mais après ? On sait que les symptômes d’anxiété et de dépression vont s’atténuer avec le temps… Il s’agira de réactiver notre fondamental qui est le lien social, de le « soigner » et de mobiliser toutes les stratégies de « re-liaisons sociales ». »
À lire : article et entretien avec Fabienne Glowacz dans "Le Soir" (21 mai 2020)
Recherche dirigée et menée par la Professeure Fabienne Glowacz, directrice de l’Unité de recherche ARCh (Adaptation, résilience, et changement) et du service de Psychologie clinique de la délinquance de la Faculté de Psychologie. En collaboration avec Emilie Schmits, chercheure et assistante au service de Psychologie de la délinquance (Unité de recherche ARCh).
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