La Fondation Recherche Alzheimer soutient trois projets de recherche ULiège à hauteur de 600 000 euros


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De gauche à droite : Michel Georges (directeur du GIGA), Laurent Nguyen, Ira Espuny Camacho, Fabienne Collette, Joost Martens (directeur de la Fondation Recherche Alzheimer), Emma Delhaye et Eric Salmon (Directeur du Centre de recherches du Cyclotron).

La Fondation Recherche Alzheimer a sélectionné les projets scientifiques de Fabienne Collette, Emma Delhaye, Ira Espuny Camacho et Laurent Nguyen, chercheurs au GIGA de l’Université de Liège et vient de leur octroyer un montant de 600.000 euros sur les 3.200.000 euros accordés par la Fondation à l'ensemble des universités belges.

Fabienne Collette, directrice de recherches au F.R.S-FNRS et chercheuse au GIGA CRC In Vivo Imaging, groupe Aging & Memory, voit son projet « Cognitive fatigue in Alzheimer’s disease » financé à hauteur de 250.000 euros. Son étude se concentre sur la manière dont la fatigue affecte l’efficacité cognitive chez les patients aux premiers stades de la maladie. En effet, une série de facteurs qui contribuent à la fatigue sont associés à la physiopathologie et aux caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.

Laurent Nguyen, directeur du GIGA-StemCells et du laboratoire de la régulation moléculaire de la neurogenèse, et Ira Espuny Camacho, chargée de recherches du F.R.S. FNRS au GIGA-StemCells, reçoivent également 250.000 euros pour leur étude « Modelling Alzheimer’s disease with 3D human multicellular brain organoids ». Le projet vise à développer un modèle innovant de « mini-cerveau » in vitro de la maladie d’Alzheimer en utilisant des cellules souches pluripotentes induites par le patient. L’objectif est de révéler les phénotypes de maladies précoces et d’établir la base d’une nouvelle méthode dans la conception d’approches thérapeutiques de la maladie d’Alzheimer.

La Fondation Recherche Alzheimer soutient aussi, à raison de 100.000 euros, Emma Delhaye, chargée de recherches au F.R.S.-FNRS au GIGA CRC In Vivo Imaging, groupe Aging & Memory, pour son projet visant à mieux caractériser la nature des troubles de la mémoire qui surviennent au début de la maladie d’Alzheimer, à l’aide d’outils avancés d’évaluation.

« Les Unités de Recherche Thématiques du GIGA Institute sont fières de faire partie de la communauté scientifique belge impliquées dans la recherche sur la maladie d’Alzheimer », déclare le Professeur Éric Salmon, directeur médical du Cyclotron Research Centre (GIGA CRC In Vivo Imaging) à l’ULiège. « Les membres du Comité scientifique de la Fondation Recherche Alzheimer sont particulièrement heureux d’apprécier la qualité des projets belges qui chaque année sont soumis à une évaluation rigoureuse par des experts étrangers ».

La Fondation Recherche Alzheimer, ASBL d’utilité publique belge, a attribué en 2020 un montant record de 3 200 000 euros à 17 projets de recherche scientifique menés au sein des universités belges. « Malgré la crise du covid-19, nos donateurs ont compris que la recherche sur la maladie d'Alzheimer est plus importante que jamais et nous avons connu une bonne année », se réjouit Joost Martens, directeur de la Fondation.

En quelques mots, l’objet de votre recherche ?

Emma Delhaye

Je m’intéresse à la manifestation, dans notre fonctionnement cognitif, des tout premiers symptômes pouvant indiquer qu’une maladie d’Alzheimer commence à se développer dans le cerveau. La recherche a en effet permis d’identifier les régions du cerveau dans lesquelles la neuropathologie liée à la maladie d’Alzheimer se développe en premier lieu, par l’agrégation de protéines Tau anormalement phosphorylées et l’accumulation de peptides béta-amyloïdes. Toutefois, entre le tout début de l’installation de la neuropathologie liée à la maladie d’Alzheimer dans des régions ciblées du cerveau, et les premiers symptômes cognitifs qui mèneront à un diagnostic clinique, plusieurs années peuvent s’écouler, et la maladie a déjà eu le temps de progresser.

L’objectif de mes recherches s’inscrit dans ce cadre : il consiste à identifier s’il existe, et si oui sous quelle forme, des symptômes cognitifs très subtils qui témoigneraient de l’installation d’une neuropathologie liée à la maladie d’Alzheimer dès son apparition dans le cerveau, et donc, bien plus tôt dans le décours de la maladie que ce que l’on est capable de faire à l’heure actuelle. Cela permettrait d’améliorer le diagnostic.

Pour l’instant, notre hypothèse principale concernant la nature de ce symptôme précoce est l’idée qu’une lésion liée à l’installation de la neuropathologie de la maladie d’Alzheimer dans le cerveau engendrerait une difficulté à se représenter les objets de façon très précise, voire unique.

Fabienne Collette

Je m’intéresse à l’influence que la fatigue mentale peut avoir sur notre fonctionnement cognitif, par exemple en diminuant de façon transitoire nos capacités attentionnelles. Après avoir mené des études chez des personnes adultes de tout âge, mon intérêt s’est tourné vers des pathologies caractérisées par la présence d’une fatigue invalidante au quotidien (telle que la sclérose en plaques). Il m’est alors apparu particulièrement opportun d’étendre ces recherches à la maladie d’Alzheimer. En effet, plusieurs caractéristiques de cette maladie ont été associées à la survenue d’une fatigue pathologique, telles que par exemple une diminution de la transmission sérotoninergique, des troubles du sommeil, la présence de dépression ou d’apathie.

Dans ce programme de recherche, la fréquence d’apparition d’un état de fatigue physique et mentale dans la maladie d’Alzheimer, ainsi que le lien avec d’autres symptômes connus pour influencer le ressenti de fatigue (par exemple, la présence de troubles du sommeil et d’affects dépressifs), sera évaluée. Sur cette base, je déterminerais si la présence d’un état de fatigue mentale élevé va accentuer les troubles cognitifs présentés par les patients. Je m’intéresserais également aux régions cérébrales dont la modification est associée à la présence d’un état de fatigue important.

Les résultats obtenus permettront à terme une meilleure gestion du quotidien des patients présentant une maladie d’Alzheimer, en permettant d’identifier les situations les plus susceptibles d’induire de la fatigue, et donc d’éviter de leur proposer à ce moment des activités (cognitives ou autres) susceptibles de les mettre en difficulté.

Participer à ces étude ? Nous recrutons continuellement des participants de 18 à 85 ans pour participer aux différentes études réalisées au GIGA-CRC, dans le cadre de travaux de recherche sur le fonctionnement cognitif normal ou pour servir de sujet de « contrôle » aux patients. Toute personne intéressée peut contacter les chercheurs en envoyant un message à  agitude@uliege.be

Laurent Nguyen et Ira Espuny-Camacho

Laurent Nguyen : Nous sommes très reconnaissants envers la Fondation Recherche Alzheimer pour son soutien au développement de nouvelles recherches au sein du laboratoire qui permettront d’utiliser l’organoïde comme modèle innovant d’étude de la maladie d’Alzheimer. Le Dr Ira Espuny-Camacho supervisera le développement de cette recherche au sein du laboratoire.

Ira Espuny-Camacho : Je m'intéresse à la génération de nouveaux modèles humains in vitro et in vivo qui permettent d'étudier les aspects spécifiques à l'homme des maladies dégénératives du cerveau, tel que la maladie d'Alzheimer. Les modèles murins AD classiques ne permettent pas de récapituler toutes les caractéristiques pathologiques importantes du cerveau malade, telle que la pathologie Tau et la neurodégénérescence, soulignant le besoin de modèles humains.

Ainsi, mes travaux antérieurs ont permis d’établir les conditions de culture et de différenciation in vitro des neurones corticaux à partir de cellules souches humaines pluripotentes (hPSC), ainsi que d’établir un nouveau modèle in vivo de la maladie d’Alzheimer via la transplantation de neurones humains dans le cerveau de souris. Ces travaux ont révélé une sensibilité plus élevée des neurones humains aux espèces bêta amyloïdes toxiques par rapport à leurs homologues murins. Fait intéressant, les neurones humains ont également montré des caractéristiques synaptiques aberrantes précoces qui sont le point de départ et le moteur de ce projet.

L’étude des événements pathologiques précoces de la maladie d’Alzheimer est particulièrement intéressante pour moi car elle peut conduire à la découverte de nouvelles cibles thérapeutiques pour lutter contre la maladie.

Dans ce projet de recherche, avec Laurent Nguyen, nous allons générer un nouveau modèle de «mini-cerveau» 3D in vitro où les neurones humains et les sous-types de cellules gliales humaines seront dérivés de cellules de patients atteints de la maladie d'Alzheimer. Ce nouveau modèle in vitro récapitulera l’essence du cerveau humain malade et contribuera à disséquer davantage les mécanismes pathologiques précoces qui peuvent conduire à une pathologie synaptique dans le cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer.

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