André Gratia est né le 8 juillet 1893 à Bruxelles et décédé à Nyon en Suisse le 6 octobre 1950. Un décès qui génère, pour reprendre les mots de son successeur, Maurice Welsch, « une douloureuse stupeur (…), d’abord au sein de l’Université, puis dans la ville de Liège et le pays tout entier, enfin dans les milieux scientifiques étrangers. » Dès son plus jeune âge, il est influencé par son père, médecin et vétérinaire brillant, et s’oriente, dans cette lignée, vers la médecine et la biologie. 

André Gratia Bio 

A

u lendemain de la première guerre mondiale, il termine ses études et consacre une thèse sur la coagulation du sang où il démontre la nature enzymatique de l’agent de coagulation du sang par le staphylocoque, qu’il nomme staphylocoagulase. Il part alors au Rockefeller Institute for Medical Research. Il y découvre le premier bactériophage du staphylocoque. De retour en Belgique, il rejoint pour un temps l’Institut Pasteur à Bruxelles, sous la direction de Jules Bordet. Dans un premier temps persuadé que les bactériophages sont des enzymes, il adopte peu à peu la thèse virale et multiplie des essais cliniques qui comptent parmi les premiers exemples de phagothérapie (guérison à l’aide de bactériophages).

Entre 1921 et 1926, Il découvre, observe et commente dans de nombreuses publications des phénomènes d’isophagie staphylococcique ainsi que la mort de staphylocoque par les produits de sécrétion (mélange d’antibiotiques et d’enzymes bactériolitiques) du streptomyce, une moisissure, ainsi que la destruction du bacille charbonneux par un Penicillium qu’il n’identifiera pas. Il découvre en 1925 la colicine V, première bactériocine jamais découverte.

En 1932, il est nommé professeur de Bactériologie, Parasitologie et Immunologie à l’Université de Liège, comme enseignant et comme responsable du Fonds Malvoz d'analyses biologiques au service de la province de Liège. Il y développe de nouvelles techniques en matière de virologie, dont l’ultracentrifugation. Il invente également la centrifugation fractionnée et introduit à l’Université de Liège son premier microscope électronique. Avec Jean Brachet, Raymond Jeener et Paul Manil, il invite la biologie moléculaire à s’intéresser à la nature des virus et à leur génétique.

Pendant la Seconde guerre mondiale, il entre dans la résistance et manque d’être rattrapé par la Gestapo. A la fin de la guerre, il poursuit ses recherches et ses enseignements, son rôle de pionnier dans l’antibiose étant finalement reconnu. Il est désigné pour organiser la création d’un Centre de Recherche pour la Penicilline et les autres antibiotiques et en assurer la présidence. Au cours de sa carrière, il a multiplié les prix académiques et distinctions honorifiques et siégé parmi de nombreux comités scientifiques. Epuisé, il s’accorde un temps de repos en Suisse, où il succombera peu après son arrivée. Ceux qui l’ont connu, en Belgique comme à l’étranger, se sont accordés à saluer un véritable précurseur, doué d’une admirable intuition. Pour reprendre les mots de Maurice Welsch,

« Eloquent et enthousiaste, André Gratia faisait un cours que l’on suivait avec un intérêt croissant. Ses exposés brillants, dont la profondeur était tempérée d’une pointe d’humour, retenaient sans difficultés l’attention de son auditoire (…) Il se préoccupait beaucoup du sort des étudiants et s’efforçait, dans la mesure du possible, d’alléger leur fardeau. Dans le cercle plus intime des travailleurs de son laboratoire, il était le « Patron » idéal. Il possédait en effet toutes les qualité. Adresse manuelle, ingéniosité technique, rigueur expérimentale, imagination constructive. Il possédait aussi les qualités nécessaires pour les retenir autour de lui. Bienveillance et intérêt agissant pour les progrès de leurs recherche et pour leur bien être matériel. Enfin, il savait publiquement reconnaître les mérites particuliers de ses anciens disciples ».

Récompenses et distinctions

  • Prix Glüge en 1919
  • Chevalier de l'Ordre de Léopold en 1934
  • Prix Laborie en 1937
  • Prix Helme en 1939
  • Officier de l'Ordre de la Couronne en 1940
  • Docteur honoris causa à Gand en 1947
  • Nomination pour le prix Nobel de physiologie ou de médecine en 1949

Ses recherches 

Ses publications

Un article rédigé par Philippe Lecrenier avec l'aide de Vincent Geenen,  professeur d'embryologie et d'histoire de la recherche biomédicale à l'Université de Liège, et chef de clinique d'endocrinologie au CHU de Liège.

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