Découverte scientifique

Magritte, le mystère dévoilé


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Détail de la "Pose enchantée" recolorisée © Succession René Magritte c/o SABAM © ULiège

La dernière pièce manquante de La pose enchantée, œuvre de première importance de Magritte, découverte par des chercheurs de l’ULiège sous son tableau Dieu n’est pas un Saint.

La 4e et dernière partie de "La pose enchantée", une œuvre de René Magritte répertoriée mais dont avait perdu la trace depuis 1932, a été découverte par les chercheurs de l’Université de Liège sous une autre peinture du maître exposée au Musée Magritte de Bruxelles, "Dieu n’est pas un saint". Cette découverte met fin à une énigme de plus de 80 ans et permet de restituer complètement mais virtuellement une œuvre de première importance du maître du surréalisme belge.

Issu d’une étroite collaboration entre les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) et le Centre Européen d’Archéométrie (CEA) de l’Université de Liège, le projet de recherche, Magritte on practice, consiste en l’étude systématique de la plus vaste collection du monde d’œuvres peintes par l’artiste, celle du Musée Magritte de Bruxelles, par  le biais de tout un arsenal de techniques d’analyse physico-chimique et d’imagerie scientifique non invasives.

Ce projet d’envergure débuté en 2016, vise à jeter un nouvel éclairage sur l’œuvre peint de René Magritte (1898 - 1967), à travers le prisme de sa matérialité. Grâce à la portabilité des instruments dont dispose le CEA, l’ensemble des examens et analyses est réalisé in situ, dans une salle du musée mise à la disposition des scientifiques.

Au-delà d’une connaissance approfondie du processus d’élaboration et des matériaux constitutifs d’un corpus d’œuvres couvrant l’entièreté de la carrière de l’artiste (42 peintures à l’huile et 21 gouaches réalisées entre 1921 et 1963), il s’agit de cerner au mieux Magritte en tant que praticien, de découvrir des œuvres de jeunesse inédites ou disparues, et, d’élucider les causes des altérations atypiques de la couche picturale qui affectent de manière récurrente les œuvres de jeunesse du peintre.

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MAGRITTE : Le mystère de "La pose enchantée" enfin résolu !

Le mystère dévoilé : la dernière pièce manquante de « La pose enchantée » de René Magritte, découverte par des chercheurs de l’ULiège sous son tableau « Dieu n’est pas un saint », au Musée Magritte, à Bruxelles.

Quatre éléments dans quatre musées autour du monde

Ce tableau aujourd’hui disparu, mais bel et bien répertorié dans le catalogue raisonné consacré à l’artiste, refait surface pour la première fois en 2013, lorsque la radiographie par rayon X d’un tout autre tableau de la main du surréaliste belge, Le portrait, exécuté en 1935 et conservé au MoMA (Museum of Modern Art, New York),  mène à la découverte de la partie supérieure gauche de La pose enchantée, sous les couches de peinture de la composition actuelle.

MAGRITTE © 2017 Succession René Magritte-SABAM ULiège

a) René Magritte, Le portrait, 1935, huile sur toile, 73.3 x 50.2 cm, MoMA, New York,
b) René Magritte, Dieu n’est pas un saint, 1935-36, huile sur toile, 67,2 x 43 cm, MRBAB, Bruxelles,
c) René Magritte, Le modèle rouge,1935, huile sur  toile, 72 x 48,5 cm, Moderna Museet, Stockholm,
d) René Magritte, La condition humaine, huile sur toile, 54.2 Å~ 73.2, Norwich Castle, Royaume-Uni © 2017, Succession René Magritte c/o SABAM

Dans la foulée, Le modèle rouge,  également peint par Magritte en 1935, conservé quant à lui au Moderna Museet (Stockholm), est identifié comme le tableau dissimulant la partie inférieure gauche de la composition perdue. Il faudra attendre 2016 pour qu’un troisième morceau de La pose enchantée, correspondant à la partie inférieure droite, soit localisé, au Norwich Castle Museum cette fois, sous les couches de peinture de La condition humaine,  œuvre datant elle aussi de 1935.

Depuis, de nombreux responsables de collections et scientifiques spécialisés dans l’étude du patrimoine artistique regroupaient leurs efforts pour lever le dernier coin du voile de mystère entourant La pose enchantée et savoir quel tableau dans le monde dissimulait la pièce manquante du puzzle.

Les initiateurs du projet Magritte on Practice mettent fin aujourd’hui à cette énigme. En effet, l’examen radiographique à la mi-octobre d’un tableau de la collection du Musée Magritte a permis la découverte de la partie supérieure droite de La pose enchantée, restée jusqu’alors introuvable.  Il s’agit en l’occurrence de Dieu n’est pas un saint,  tableau  réalisé entre 1935 et 1936, provenant du legs de Mme Irène Scutenaire-Hamoir en 1996. L’œuvre en question se trouve actuellement accrochée aux cimaises du Musée Magritte.

MAGRITTE Pose enchantee © 2017 Succession René Magritte-SABAM ULiège

René Magritte, La pose enchantée, huile sur toile, 1927 [reconstitution avec les 4 oeuvres découvertes]
© 2017, Succession René Magritte c/o SABAM © ULiège

En considérant la fâcheuse habitude qu’avait René Magritte de recycler le support de ses propres toiles, et au vu du nombre de ses tableaux dont la localisation reste inconnue, on peut raisonnablement s’attendre à découvrir très prochainement d’autres compositions ou des fragments ayant fait l’objet de remploi.

« Commencée lors de la préparation de la rétrospective Magritte qui s'est tenue au Museum of Modern Art de New York (Le mystère de l’ordinaire, 28 sept 2013 > 12 jan 2014), la « chasse » aux quatre tableaux exécutés sur La Pose enchantée déclarée, perdue dans le catalogue raisonné, s'achève aujourd'hui à Bruxelles.
Privé du support financier que lui apportait la Galerie Le Centaure, confronté au plus grand dénuement, Magritte décida donc de découper cette grande toile - qu'il jugeait sans doute insatisfaisante - pour réaliser quatre oeuvres majeures dont Dieu n'est pas un saint constituait le chaînon manquant. Avec cette découverte, la recherche progresse.
Tant du point de vue du contexte dans lequel Magritte a travaillé au début des années 1930 que de celui de la connaissance matérielle des oeuvres. Elle nous permet de pénétrer plus avant dans la cuisine de l'oeuvre en recomposant, notamment, sa chronologie. Laquelle témoigne de l'exceptionnelle créativité du peintre à l'époque. »

Michel DRAGUET, Directeur général des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique

« Si nous avons la possibilité de poursuivre ces recherches, il y a tout lieu de s’attendre à ce que d’autres tableaux disparus de Magritte fassent surface. »
Francisca VANDEPITTE, Conservateur, Département Art Moderne des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique

« Cette découverte démontre, une nouvelle fois, l’apport considérable des méthodes d’analyses et d’imagerie scientifique à la connaissance d’un peintre et de son œuvre. »

« Les enjeux de ce vaste projet de recherche sont multiples. Au-delà de la possibilité de retrouver des œuvres de jeunesse disparues, il s’agit aussi d’appréhender l’œuvre de Magritte par le prisme de sa matérialité. Ceci afin de cerner au plus près  le processus créatif  du peintre mais aussi de découvrir l’origine des altérations atypiques qu’ont en commun plusieurs tableaux importants  exposés au musée Magritte. »  

Catherine DEFEYT, Chercheur à l’Université de Liège, Centre Européen d'Archéométrie

« Les développements récents des techniques d’analyse et d’imagerie permettent maintenant de réaliser ces recherches de façon complètement non-invasives sans devoir déplacer les œuvres. »

« Nos recherches se situent à la croisée de l’histoire de l’art, des sciences et de la conservation et permettent une nouvelle vision et compréhension de notre patrimoine culturel. »

David STRIVAY, Chargé de cours à l’Université de Liège, Centre Européen d' Archéométrie.

En savoir plus sur l'archéométrie à l'Université de Liège


Les partenaires du projet Magritte on Practice

Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) : Francisca Vandepitte, Michel Draguet (Directeur).

Centre Européen d’Archéométrie, Unité de Recherches interfacultaire Art, Archéologie, Patrimoine, Université de Liège : Catherine Defeyt, Elodie Herens, David Strivay.

 

Contacts presse

Université de Liège

Catherine DEFEYT I Centre Européen d'Archéométrie I Centre de Recherche AAP (Art, Archéologie et Patrimoine)

Didier MOREAU I Service de Communication I Responsable presse

MRBAB

Samir AL-HADDAD I MRBAB I Attaché de presse
samir.al-haddad@fine-arts-museum.be I +32(0)2 508 34 08

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