LQJ-274

La violence à l’égard des femmes est hélas un fléau universel. Souvenez-vous, c’était en 2017. Sur le réseau social Twitter, le hashtag #MeToo lancé en 2007 par Tarana Burke, une tra- vailleuse sociale de Harlem à New York, est repris par l’actrice Alyssa Milano. Elle encourage les femmes à dénoncer les agres- sions sexuelles qu’elles ont subies, notamment dans la sphère professionnelle. Des milliers de témoignages affluent. Un peu plus tard, la journaliste française Sandra Muller ose le #balan- cetonporc pour que “la peur change de camp”. Le hashtag est repris 200 000 fois en quelques jours et les posts dénonçent pêle-mêle le sexisme au quotidien, le harcèlement de rue, les chantages odieux, les viols. Indéniablement, ce mouvement a imposé la question du harcèlement sexuel et des violences envers les femmes au sein des entreprises et dans la sphère publique, médiatique et politique. En mai dernier, après le meurtre de Julie Van Espen, une manifestation a réuni plus de 15 000 personnes dans les rues d’Anvers contre les sévices à l’égard des femmes. Il s’agit d’une violation majeure des droits de la personne sur tous les continents, dans tous les groupes sociaux, économiques, religieux et culturels. Dans un article publié dans Le Monde en 2017 , Françoise Héritier du Collège de France, figure de l’ethnologie et du féminisme, envisageait que “les conséquences du mouve- ment #MeeToo [puissent] être énormes. À condition de sou- lever non pas un coin mais l’intégralité du voile, de tirer tous les fils pour repenser la question du rapport entre les sexes, s’attaquer à ce statut de domination masculine et anéantir l’idée d’un désir masculin irrépressible.” Pour Claire Gavray, sociologue à l’ULiège et pionnière du mas- ter de spécialisation en études de genre créé en 2017, « la vio- lence envers les femmes ne doit pas se comprendre dans une acceptation individuelle mais dans une dimension politique. Cette violence fait écho à une conception de la société basée sur “la valeur différentielle des sexes”, pour reprendre les mots de Françoise Héritier, soit la domination du masculin sur le féminin. Pour comprendre les racines d’un tel phénomène qui dépasse l’entendement, prendre les lunettes de genre est indispensable. » Lara Capraro Dimension politique Violences faites aux femmes CVFE Issu du mouvement féministe, le Collectif contre les violences familiales et l’exclu- sion (CVFE) a, dès la fin des années 1970, levé le voile sur le drame de la violence conjugale. Selon Amnesty International, chaque année, plus de 45 000 dossiers sont enre- gistrés par les Parquets belges. Toutefois, on sait que ces actes de violence ne sont pas toujours dénoncés. En 2018, 800 personnes ont fait appel au CVFE. Le centre a hébergé 140 femmes et enfants et reçu sur sa ligne téléphonique près de 5000 appels. * CVFE, rue Maghin 11, 4000 Liège, tél. 04.221.60.69, site www.cvfe.be CVPS En 2017, trois centres pour les victimes de violence sexuelles (CVPS) ont été créés en Belgique, simultanément à Gand, Bruxelles et Liège. 1000 personnes ont franchi leurs portes en un an. 90% étaient des femmes et le tiers d’entre elles avaient moins de 18 ans. La mission de ces centres est d’accueillir les victimes dans un endroit rassurant, de leur fournir gratuitement des soins médi- caux, psychologiques et médico-légaux. À Liège, 16 infirmières assurent une per- manence 24h/24 et 7j/7 et travaillent en étroite collaboration avec la brigade des mœurs de la Police de Liège et le Parquet. * CHU de Liège, service des urgences des Bruyères, rue de Gaillarmont 600, 4030 Liège (Chênée), tél. 04.367.93.11. 14 septembre-décembre 2019 / 274 ULiège www.uliege.be/LQJ 15 septembre-décembre 2019 / 274 ULiège www.uliege.be/LQJ à la une à la une

RkJQdWJsaXNoZXIy MTk1ODY=