Que le Pays de Liège soit un pays minier a contribué aux développements de la géologie. André Dumont, dont la statue perpétue aujourd’hui le souvenir sur la place du 20-Août, est sans conteste une figure éminente parmi les géologues de son temps. Recteur à partir de 1855, il meurt avant la fin de son mandat, en 1857, à l'âge de 48 ans. Pendant son mandat, la Chambre vote la suppression de l'examen d'entrée, ce qui provoque une croissance importante de la population étudiante.

Dumont

Né à Liège en 1809, André Dumont témoigne très jeune d’un intérêt précoce pour l’étude des roches – il est le fils d’un géomètre des mines – et acquiert en autodidacte un savoir qui sera bientôt reconnu par les spécialistes. En 1830, il remporte ainsi un concours organisé par l’Académie de Belgique – avec une brillante description géologique de la Province de Liège qui impressionne le géologue Jean-Baptiste d’Omalius –, récompense qui préfigure celle, encore plus prestigieuse, que lui décerne en 1840 la Société géologique de Londres (Médaille de Wollaston).

Entretemps, Dumont décroche un doctorat en sciences physiques et mathématiques à l’Université de Liège (1835) et y est aussitôt engagé comme professeur extraordinaire de géologie et de minéralogie. Il sera promu à l’ordinariat en 1841. Il partage dès lors son temps entre la préparation de ses cours et ses études sur le terrain : il est en effet chargé par le gouvernement de dresser la carte géologique du territoire belge, à l’intention des savants mais aussi des industriels.

Membre de l’Académie depuis 1836 et de prestigieuses sociétés savantes belges et étrangères, il multiplie les publications relatives à ses nombreuses découvertes (ex : Tableaux analytiques des minéraux et des roches). En 1855, la carte manuscrite de l'Europe qu'il présente à l'Exposition universelle de Paris, lui vaut la médaille d'honneur de l'Exposition, remise par Napoléon III.

Recteur de l’Université de Liège de 1855 à sa mort, le 28 février 1857, il prononce, à l’occasion de l’ouverture des cours en 1856, un discours sur « l’origine du monde physique et la théorie de sa formation », que d’aucuns estimeront panthéiste et qui ne sera pas publié.

Lire son Discours de réouverture des cours en 1856 (facsimilé en PDF)

On dit de lui

À propos de son discours de rentrée 1856 : « Après avoir exposé les notions d’espace, de temps, de matière, de force, d’infini, les rapports de l’esprit et de la matière… M. Dumont s’est livré à des considérations de l’ordre le plus élevé sur l’existence d’un fluide universel (l’éther) distinct de la matière pondérable qui forme les globes répandus dans les espaces. Il a esquissé à grands traits les théories actuelles sur le rôle de l’éther dans les phénomènes de la lumière, de la chaleur, de l’électricité, ainsi que sur la constitution moléculaire des corps, sur l’action des forces attractives, sur l’origine de la gravitation ; sur la formation de notre système solaire… Il a aussi abordé tous les plus grands problèmes de l’ordre physique, et malgré les difficultés du sujet traité, il a su constamment captiver l’attention et l’intérêt de son auditoire » (Journal de Liége, 17 octobre 1856).

Avec la loi du 12 mars 1855,la Chambre vote la suppression de l'examen d'élève universitaire. Un appel d'air qui provoque ses effets sur la population étudiante à l'Université de Liège, qui tournait autour des 500 entre 1849 et 1854, et qui s'accroît : 583 en 1855, 688 en 1856, 727 en 1858, 864 en 1861, soit une augmentation de plus de 70% comparativement aux années 1849-1854 ! Cette croissance subite posa de gros problèmes en matière de gestion des locaux universitaires, et de l'impréparation des élèves pour les études supérieures. 
La loi du 1 er mai 1857, troisième révision de la loi sur les jurys d'examens, enfonça le clou en confirmant cette suppression de l'examen d'élève universitaire, mais fit de la possession du certificat des humanités gréco-latines la condition pour s'inscrire à l'université. Et à partir de 1861, un examen d'admission fut ajouté à cett condition. Les règles semblaient condamnées à changer constamment.
Ph.Raxhon, Mémoire et prospectives. Université de Liège (1817-2017), Presses universitaires de Liège, 2017, p. 56.

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Illustration : Joseph Schubert, André Dumont, Professeur ordinaire à l'Université de Liège, lithographie, 1854, Musée Wittert ULiège, inv. 2899

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