Louis Trasenster
Le double mandat de recteur de Louis Trasenster (1879-1882 et 1882-1885) est marqué par de grandes avancées pour l'Université de Liège. Dès 1880, il fait construire plusieurs instituts pour y installer les laboratoires de pharmacie, botanique, physiologie, zoologie, chimie, anatomie et astronomie. Dès 1881, il ouvre l'université aux jeunes filles. Enfin, il entreprend un voyage de prospection à travers toute l'Europe, pour ramener à Liège des professeurs de très haut niveau.
L'ingénieur Louis Trasenster (1816-1887) est sans conteste l’une des figures les plus marquantes du milieu universitaire liégeois de la fin du XIXe siècle. Diplômé de l’École des Mines de Liège, il intègre le Corps des Mines (1838) comme expert chargé de veiller à la sécurité des charbonnages, puis, en 1846-1847, fonde avec une dizaine de condisciples la célèbre association des ingénieurs sortis de l’Université de Liège (A.I.Lg) : il en sera le président pendant 38 ans. Dès 1844, il donne à la faculté des Sciences le cours d’exploitation des mines. Il est ensuite nommé professeur extraordinaire en 1849, puis ordinaire en 1855.
Chargé par le roi Léopold II de recruter de nouveaux enseignants pour l’Université, il parvient à attirer à Liège plusieurs grandes personnalités du monde scientifique : le minéralogiste italien Giuseppe Cesaro, le mathématicien allemand Henri Holzer, le médecin autrichien Alexandre von Winiwarter et, enfin, le juriste suisse Arthur de Senarclens.
Inscrit à la croisée du monde industriel et du milieu universitaire, il contribue par ses activités scientifiques et ses publications de portée internationale au renom de l’École des Mines tout en consacrant son énergie au développement de l’enseignement public en Belgique.
Nommé recteur en 1879, Trasenster fait ainsi de l’entrée des femmes à l’Université, mais aussi de leur accès à un enseignement secondaire digne de ce nom, un de ses principaux chevaux de bataille et accueille avec enthousiasme la première étudiante – Jeanne Rademackers – qui s’inscrit en Pharmacie en 1881.
À la suite de son prédécesseur, il reprend et fait avancer l’épineux dossier de la construction des nouveaux Instituts universitaires, dont plusieurs seront inaugurés durant son rectorat (1879-1885).
Gendre de l’imprimeur-éditeur Jacques Desoer, propriétaire du Journal de Liége, il est de ce fait introduit dans le milieu libéral liégeois et se lie d’amitié avec le futur ministre Walthère Frère-Orban, dont il restera le fidèle confident. De culture chrétienne, mais ouvertement anticlérical, Trasenster fréquente la loge maçonnique liégeoise dès 1839 mais, fidèle à ses convictions de plus en plus progressistes, entretient avec certains de ses membres conservateurs des relations parfois tumultueuses. Humaniste et philanthrope, Trasenster, par ailleurs membre de nombreuses sociétés savantes (Société royale des Sciences, Société libre d’Émulation…), s’investit tout autant dans des associations susceptibles de favoriser l’émancipation des plus démunis par l’instruction et d’offrir davantage de dignité aux plus défavorisés (Société Franklin, Vestiaire libéral, Société des Bains et Lavoirs…).
Les discours de réouverture des cours du Recteur trasenster
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Illustration :Lambert Salme, À Monsieur J.L. Trasenster, Professeur ordinaire à l'Université de Liège, Inspecteur des études à l'école des Arts et Manufactures et des Mines, lithographie, 1870, Musée Wittert ULiège,inv.2954.