En 1890, durant le rectorat de Louis Roersch, est votée une loi qui inaugure de nombreux nouveaux cours, rend obligatoire le certificat d'études en humanités gréco-latines pour accéder à l'université (ce qui revient à y interdire les filles, car l'enseignement secondaire supérieur destiné aux filles en est encore au stade de voeux pieux). L'école normale des Humanités est supprimée, au profit de l'université et ses bâtiments libérés  accueilleront bientôt l'Institut électro-technique Montefiore.

Roersch

Docteur en Philosophie et Lettres de l’université de Louvain, Louis Roersch (1831-1891) enseigne durant plusieurs années à l’athénée de Bruges avant d’être nommé à l’École normale des humanités de Liège (1865), puis professeur de philologie classique à l’Université (1872).

En plus de son intérêt pour l’histoire de la philologie, Roersch consacre une partie de ses recherches à la mise en valeur des langues germaniques et plus spécialement du néerlandais. L’un des premiers érudits à s’intéresser à la papyrologie, Roersch vouera son existence à la défense de l’étude des lettres classique et son dernier discours en tant que recteur (1889-1891) à la découverte de la célèbre Constitution d’Athènes d’Aristote.Il meurt quelques jours plus tard le 28 octobre 1891.

Durant son rectorat, une nouvelle loi « sur la collation des grades académiques et le programme des examens universitaires » est promulguée, répondant partiellement aux aspirations des précédents recteurs (1890). Elle exige notamment un certificat d’humanités de tous les futurs étudiants, elle rétablit la dissertation doctorale à l’issue du doctorat en Sciences ou en Philosophie et Lettres et impose des cours et exercices pratiques pour tous les cycles d’études. Le grade d’ingénieur civil des mines devient légal. L’École normale des Humanités est supprimée et ses professeurs, réintégrés dans la faculté de Philosophie et Lettres.

Extrait du discours de rentrée académique de 1889

Nous sommes les héritiers des Anciens. Tout ce qui constitue notre existence morale et intellectuelle, notre langue et notre religion, nos institutions et nos lois, notre droit public et privé, les lettres, les sciences et les arts, en un mot notre civilisation entière, nous vient en grande partie de l’antiquité.

Discours de rentrée, Liège, L. Dethier, 1889
 Les discours de réouverture des cours du Recteur roersch

«Vers l’âge de 12 à 15 ans, les signes extérieurs de la différence des sexes s’accentuent davantage ; chez l’un et l’autre, s’achève l’élaboration qui les prépare à leurs rôles respectifs ; ils entrent dans une crise physiologique qui retentit sur toutes leurs facultés : intelligence, caractère, état général. Cette crise est d’une intensité particulière chez la jeune fille ; elle réclame toute la sollicitude maternelle et, bien souvent, le secours de l’art médical. […] Le système nerveux surtout est soumis à leur influence [phénomènes internes] : la femme devient physiquement et moralement irritable ; elle est sujette à des troubles morbides qui la condamnent souvent à l’inactivité. […] Les fatigues de toute nature, les émotions et même de simples contrariétés aggravent parfois les symptômes au point de commander le repos le plus complet ».

« Qui donc oserait, après un seul instant de réflexion, soutenir qu’il n’y a aucun danger, ni même inconvénient à réunir les étudiants des deux sexes dans les amphithéâtres de dissection, dans les hôpitaux ; à les laisser se livrer en commun aux exercices pratiques que comporte leur éducation professionnelle ; à procéder devant un auditoire mixte à des démonstrations d’anatomie, de physiologie, de médecine, de chirurgie et d’obstétrique ? ».

« Tout ce qu’on peut dire, c’est que, depuis quelque temps, en vertu du silence de la loi, nos universités sont devenues des établissements mixtes. En vertu de la règle qui, depuis dix ans, place sur le même niveau, pour l’accession aux études universitaires, l’ignorance et l’instruction, les deux sexes s’y trouvent mêlés. […] cette promiscuité, dangereuse à plus d’un titre, éveille en moi un sentiment de tristesse […] »

« […] ces individualités avides de science, que tourmente le désir de tout étudier et de tout connaître »

«[…] ces esprits ambitieux qui ne voient dans le titre qu’ils cherchent à acquérir qu’un moyen de paraître supérieur »

Adolphe Wasseige, Discours de rentrée, Liège, Ch. A. Desoer, 1886

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Illustration : Florimond Van Loo, À Monsieur Louis Roersch, Professeur à l'Université de Liège et à l'Ecole normale des Humanités, lithographie, 1888, Musée Wittert- ULiège, inv. 2939.

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