Avec Suzanne Leclercq, la paléobotanique entre dans la modernité. Davantage qu’une discipline, c’est toute une vision de la science qui est dépoussiérée à travers ses pratiques, ses méthodes et sa rigueur.

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ée à Liège le 28 mars 1901, Suzanne Leclercq entre au laboratoire de paléontologie en 1923, après des études en sciences naturelles. Elle devient l’élève assistante de l’anthropologue Charles Fraipont. Très rapidement, le Professeur Armand Renier l’oriente vers l’étude des coal balls, des plantes fossilisées du Carbonifère, coincées dans des charbonnages et particulièrement bien préservées. Elle devient docteur en 1924, sa thèse étant publiée par la Société Géologique de Belgique. Elle est alors également chef de travaux et conservatrice des collections de paléontologie animale et végétale. Elle obtient plusieurs certificats en paléontologie animale, en géologie, en géographie physique et en archéologie préhistorique. Chercheur qualifié FNRS en 1929, elle devient la première femme de l’Université de Liège à obtenir l’agrégation de l’enseignement supérieur en 1931. Dès 1933, elle devient chargée de cours, et professeur ordinaire en 1937 (également la première femme à obtenir ce poste à Liège).

Si elle continue de publier avec le Professeur Fraipont jusqu’en 1936, ce sont ses travaux sur la paléontologie végétale qui retiennent l’attention de la communauté internationale. En 1937, elle fait du laboratoire de paléontologie végétale une entité autonome et distincte de la paléontologie animale. Elle dirigera le laboratoire pendant 35 ans, emmenant la paléobotanique dans une ère nouvelle. Il ne s’agit plus d’étudier les fossiles pour dater les couches terrestres. Les plantes sont des organismes vivants, étudiées par la botanique. Un regard qui doit être posé sur les plantes du passé pour en comprendre la nature et les évolutions. Armand Renier l’avait poussée à étudier de nombreux spécimens du Carbonifère, c’est lui aussi qui l’encourage à se pencher sur le Dévonien. Sa réputation internationale, sa grande capacité à dégager des fossiles, sa rigueur et son esprit critique en font une chercheuse incontournable. De nombreux spécimens lui sont soumis par des scientifiques du monde entier. Au long de sa carrière, elle identifie de nombreux profils de plantes, dont l’archétype de la fougère, une première forêt âgée d’environ 380 millions d’années (alors qu’on ne les attendait que 25 millions d’années plus tard), ainsi que l’une des plus ancienne euphyllophyte connue, celle vers laquelle remontent toutes les autres.

Suzanne Leclercq a reçu de nombreux prix au long de sa carrière. Elle fut également membre influent de l’Académie Royale de Belgique (membre correspondant en 1965 et membre de la classe des sciences en 1975), elle fut également la seule femme à être présidente de la Société Géologique de Belgique, de1953 à 1954.

Le parcours scientifique de Suzanne Leclerq

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